George Edwardes, gentleman Britannique de fort modeste extraction irlandaise, était un homme passionné, déterminé et visionnaire. Il consacra son existence au théâtre, bâtit un véritable empire en la matière et produisit de nombreuses pièces à succès. L’influence qu’il exerça sur le théâtre lyrique fut aussi novatrice que déterminante, et ce dès la fin du XIXème siècle. C’est ainsi que la première de la comédie musicale « chinoise » en deux actes intitulée San Toy fut présentée le 21 octobre 1899, en son Daly’s Theatre à Londres. Un projet qui lui tenait particulièrement à cœur, au point qu’il attribua le nom Santoï au poulain pur-sang de 2 ans qu’il avait acquis l’année précédente.
Grand turfiste devant l’éternel en parallèle de ses activités artistiques, George Edwardes s’était en effet épris de cet animal né en 1899 des œuvres de Queen’s Birthday et de Merry Wife, un bai brun puissant, solide et déterminé.
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George Edwardes, gentleman Britannique de fort modeste extraction irlandaise, était un homme passionné, déterminé et visionnaire. Il consacra son existence au théâtre, bâtit un véritable empire en la matière et produisit de nombreuses pièces à succès. L’influence qu’il exerça sur le théâtre lyrique fut aussi novatrice que déterminante, et ce dès la fin du XIXème siècle. C’est ainsi que la première de la comédie musicale « chinoise » en deux actes intitulée San Toy fut présentée le 21 octobre 1899, en son Daly’s Theatre à Londres. Un projet qui lui tenait particulièrement à cœur, au point qu’il attribua le nom Santoï au poulain pur-sang de 2 ans qu’il avait acquis l’année précédente.
Grand turfiste devant l’éternel en parallèle de ses activités artistiques, George Edwardes s’était en effet épris de cet animal né en 1899 des œuvres de Queen’s Birthday et de Merry Wife, un bai brun puissant, solide et déterminé.
Et d’aussi basse extraction que lui d’ailleurs, son père Queen’s Birthday n’ayant été qu’un modeste stayer anglais, lui-même issu du tout aussi modeste gagnant de handicap Hagioscope. Ce Santoï allait devenir aussi célèbre que la pièce San Toy, dont le succès motiva très vite le transfert au Gaiety Theatre de George Edwardes à Londres.
Santoï se mit en évidence dès le printemps de ses 3 ans en s’adjugeant le Free Handicap à Newmarket, devant Sonatura et le bon Disguise II, futur troisième du Derby. Parmi ses autres victoires de la saison figurent le Twickenham Handicap à Sandown, la Brighton Cup et le Lewes Handicap, sans oublier ses accessits d’honneur dans le High Weight Handicap à Ascot et le Manchester November Handicap.
Harcelé chaque jour de course par ses Gaiety Girls, des demoiselles incarnant l’élégance de la plus pure mode Londonienne mais toujours à l’affût d’un bon tuyau, George Edwardes transmit de nouveaux ordres à l’entraîneur de Santoï : « Dorénavant, le cheval ne courra que le samedi, la troupe étant occupée sur scène en matinée ce jour là ! ».
Lorsque le poulain avait une chance, chaque membre de la troupe misait sa solde en ville et se laissait gagner, durant les représentations de San Toy, par une frénétique nervosité responsable de quelques fausses notes et canards de mauvais aloi. Et si Santoï l’emportait, les acteurs dansaient la gigue et communiquaient aussitôt la bonne nouvelle à un public ravi...
La saison suivante fut pire encore : le 4 ans Santoï remporta la Gold Cup (Gr.1) devant Kilmarnock et Forfarshire à Ascot, le Great Whitsuntide Handicap à Hurst Park et surtout le Great Jubilee Handicap à Kempton, à la cote de 50/1… La représentation de San Toy fut interrompue ce samedi là : les Chinois de la scène et les cockneys des galeries entonnèrent en chœur et avec entrain le God Save the King !!!
Santoï joua les prolongations à 5 ans, remportant les Coronation Commemoration Stakes à Epsom et se plaçant troisième de la Coronation Cup (Gr.1) et de l’Ascot Gold Cup (Gr.1). Autant de performances de haut vol pour ce poulain aussi durable que la comédie musicale San Toy (785 représentations dont plus de 200 à Broadway / New York !).
Stationné en Irlande, Santoï devint un étalon de premier plan, géniteur du vainqueur de l’Irish Derby (Gr.1) Ballyheron, du gagnant de la Coronation Cup (Gr.1) He et du solide stayer Santorb, lauréat de l’Ascot Gold Cup (Gr.1) vingt-quatre ans après son père. Ses produits amassèrent plus de $600,000 de gains, une somme rarement atteinte à cette époque !
Santoï a tiré sa révérence le 3 avril 1925 à Ballykisteen Stud (Tipperary). Il était alors le plus vieil étalon actif des Iles Britanniques, et toujours aussi viril du haut de ses 28 printemps. Certes devenu un peu vicieux avec le temps, il laissa le souvenir d’un très bon serviteur, et sa lignée mâle se développa sur tous les continents, de l’Amérique du Sud à l’Océanie en passant par les USA où son fils Achtoï se montra particulièrement prolifique et efficace. On le retrouve dans le pedigree du gagnant de Derby (Gr.1) Nimbus II et dans ceux de African Song, Barathea, Don’t Forget Me, Channel, Pinatubo et bien d‘autres.
Oscar Wilde disait : « Le Monde est un théâtre, mais la pièce est mal distribuée ». Il n’a pas connu Santoï...