Notre dernier édito ayant été consacré à l'analyse des pedigrees des partants du Prix de l'Arc de Triomphe (Gr.1) édition 2019, un petit retour sur les résultats de l'arrivée s'impose. A commencer évidemment par le vainqueur WALDGEIST, dont la tenue classique héritée de son géniteur Galileo et de son père de mère Monsun a fait merveille dans le terrain pénible de dimanche à Longchamp !
Sept des douze partants étaient porteurs du sang de Galileo dans leur pedigree, et ils ont pris les cinq premières places à l'arrivée. Le gagnant était donc bien de ceux là, comme nous l'avions prédit la semaine dernière, et l'historique de l'épreuve retiendra que ses quatre derniers lauréats sont soit par Galileo (à savoir Waldgeist et Found), soit par un de ses fils (Nathaniel, père de Enable). Par extension, on notera que 8 des 10 derniers vainqueurs sont porteurs du sang de Sadler's Wells, père de Galileo et vecteur de tenue classique par excellence.
... Lire la suite
Notre dernier édito ayant été consacré à l'analyse des pedigrees des partants du Prix de l'Arc de Triomphe (Gr.1) édition 2019, un petit retour sur les résultats de l'arrivée s'impose. A commencer évidemment par le vainqueur WALDGEIST, dont la tenue classique héritée de son géniteur Galileo et de son père de mère Monsun a fait merveille dans le terrain pénible de dimanche à Longchamp !
Sept des douze partants étaient porteurs du sang de Galileo dans leur pedigree, et ils ont pris les cinq premières places à l'arrivée. Le gagnant était donc bien de ceux là, comme nous l'avions prédit la semaine dernière, et l'historique de l'épreuve retiendra que ses quatre derniers lauréats sont soit par Galileo (à savoir Waldgeist et Found), soit par un de ses fils (Nathaniel, père de Enable). Par extension, on notera que 8 des 10 derniers vainqueurs sont porteurs du sang de Sadler's Wells, père de Galileo et vecteur de tenue classique par excellence.
La présence de Monsun dans le pedigree d'un vainqueur de la course est par contre une première, comme nous l'a fait remarquer notre ami Xavier Bougon, que nous saluons au passage. Les précédents gagnants du Prix de l'Arc de Triomphe (Gr.1) étant issus d'une descendante directe de Blandford sont Subotica (édition 1992) et All Along (en 1983), une lignée mâle de laquelle émanent Akiyda (gagnante en 1982), Exbury (en 1963) et Brantôme (en 1934).
Waldgeist est un membre de la Famille 5 (branche 5-h), déjà victorieuse en 1975 avec Star Appeal (branche 5-d). Deux chevaux certes de souche allemande et porteurs des sangs très influents de Ticiino et de Alchimist en bas de papier mais ne possédant pas le même ADN mitochondrial, comme l'ont montré nos récentes recherches sur la question... C'est donc une première pour l'aplotype D1b, consécration méritée pour une famille actuellement en plein essor !
La place de SOTTSASS sur le podium, d'où un rating qui fait de lui le meilleur 3 ans au Monde, nous ravit au plus haut point. Performer de grande classe, il nous aura appris que son père Siyouni est capable d'engendrer des chevaux de qualité sur la distance classique, ce que nous ignorions jusque là (aucun autre gagnant de Groupe sur une distance supérieure à 2100 m).
La construction des pedigrees de Waldgeist et de Sottsass est d'ailleurs assez similaire : ils sont tous deux issus d'une jument très inbred, en 3x4 sur Surumu pour Waldlerche, la mère de Waldgeist, et en 3x3 sur Miswaki pour Starlet's Sister, génitrice de Sottsass. Une Starlet's Sister qui aura passé un bien bon week-end, enregistrant en sus la septième victoire de sa fille Sistercharlie (Myboycharlie) dans une course de Gr.1 aux USA !
Et comme la Championne Enable est elle aussi très fortement inbred (en 3x2 sur Sadler's Wells), il est clair qu'elle a tous les atouts nécessaires pour réussir au haras. Cependant, rien ne lui interdit de tenter à nouveau sa chance pour réaliser un triplé historique dans l'épreuve reine du programme européen, en 2020 ?
Le Dimanche 2 octobre 1955, un poulain de 3 ans invaincu en huit tentatives en Italie se présente au départ du Prix de l’Arc de Triomphe (Gr.1). Il se nomme Ribot (en hommage à l’artiste français Théodule-Augustin Ribot), et si ses origines semblent obscures aux sportsmen de l’époque, le nom de son éleveur Federico Tesio, disparu en mai de l’année précédente avant que son cheval ne foule un gazon, l’est beaucoup moins. Le triomphe de son élève Nearco dans le Grand Prix de Paris (Gr.1) 1938 à Longchamp est resté gravé dans les mémoires…
Troisième favori de la course, on reproche à Ribot de n’avoir pas disputé les grands classiques de son pays. Et pour cause, le cheval était si petit à l’âge yearling que son éleveur ne le jugea pas digne d’être engagé dans le Derby Italiano, épreuve qu’il avait pourtant remportée à 21 reprises.
... Lire la suite
Le Dimanche 2 octobre 1955, un poulain de 3 ans invaincu en huit tentatives en Italie se présente au départ du Prix de l’Arc de Triomphe (Gr.1). Il se nomme Ribot (en hommage à l’artiste français Théodule-Augustin Ribot), et si ses origines semblent obscures aux sportsmen de l’époque, le nom de son éleveur Federico Tesio, disparu en mai de l’année précédente avant que son cheval ne foule un gazon, l’est beaucoup moins. Le triomphe de son élève Nearco dans le Grand Prix de Paris (Gr.1) 1938 à Longchamp est resté gravé dans les mémoires…
Troisième favori de la course, on reproche à Ribot de n’avoir pas disputé les grands classiques de son pays. Et pour cause, le cheval était si petit à l’âge yearling que son éleveur ne le jugea pas digne d’être engagé dans le Derby Italiano, épreuve qu’il avait pourtant remportée à 21 reprises.
Au milieu des vingt-trois partants de l’épreuve, le public parisien découvre un poulain fort élégant et bien équilibré sans être spectaculaire, avec un poitrail si large et profond qu’une sangle avait due être spécialement conçue pour lui. En course, Ribot déploie une foulée très atypique, poussant avec force de ses postérieurs bien groupés. Une action qui, alliée à une volonté de vaincre inébranlable, lui permit de dominer le lot avec désinvolture, malgré la gêne occasionnée par un cheval en liberté.
De retour sur ses terres pour remporter le Gran Premio del Jockey Club (Gr.1) par 15 longueurs, Ribot conserva son invincibilité à 4 ans en s’adjugeant successivement le Gran Premio di Milano (Gr.1 – par 8 longueurs), les King George VI & Queen Elizabeth St. (Gr.1 - par 5 longueurs), et à nouveau le Prix de l’Arc de Triomphe (Gr.1), officiellement par 6 longueurs (plus de 8 longueurs en réalité, soit l’avance la plus large jamais enregistrée dans l’Histoire de la course). Un performer de rêve !
Le rating de 142 que lui attribua Timeform est tout simplement l’un des plus élevés jamais accordé à un Champion. Invaincu en 16 sorties publiques de 2 à 4 ans, de 1000 à 3000 m et dans tous les terrains, Ribot est considéré par beaucoup comme le Cheval du Siècle en Europe !
La personnalité de Ribot prit une tournure ombrageuse avec les années au haras. D’abord stationné une saison en Angleterre, son pays natal, puis trois ans en Italie, il fut exporté aux USA où il séjourna jusqu’à sa disparition en 1972, à l’âge de 20 ans. Initialement loué pour 5 saisons par les américains, Ribot était devenu si ingérable que le projet de le renvoyer en Europe fut abandonné, aucune compagnie d’assurance n’ayant accepté de couvrir les risques de son voyage...
Au box, Ribot se cabrait régulièrement et ruait dans les murs, passant le reste de son temps à machonner les chevrons de la charpente. Au paddock, il lui arrivait de s’attaquer aux arbres, dressé sur ses postérieurs pour les paletter avant de dévorer leur écorce. Escalader les haies ou se mettre à califourchon dessus en refusant obstinément de bouger était une autre de ses eccentricités notables. Son dernier étalonnier, Olin Gentry, déclara un jour : « Ribot est un cheval complètement dingue, et il a bien failli me tuer une fois. Un vrai cauchemar à manipuler ! ».
Descendant direct de St Simon (présent à 13 reprises dans son pedigre), Ribot a amplement transmis sa classe pure, sa tenue, la solidité héritée de son père Tenerani et les gènes caractériels de sa mère Romanella. Trois fois tête de liste des pères de gagnants en GB, il a conçu de nombreux vainqueurs classiques des deux côtés de l’Atlantique et deux lauréats du Prix de l’Arc de Triomphe (Molvedo en 1961 et Prince Royal II en 1964). Une course que remporta en 1977 et en 1978 son arrière-petit-fils Alleged…
L’inbreeding sur le Chef de Race Ribot n’a guère fait recette, bien que présent chez les gagnants de Gr.1 en plat Astarabad et Midway Lady et chez le sauteur gagnant du Prix Maurice Gillois König Ulrich (en 3x3). Son legs est toutefois récurrent dans les grands pedigrees (tels ceux de Enable, Frankel, Miesque, Winx, Zenyatta), véhiculé par des étalons de la trempe de Alleged, Broad Brush, Danehill, Dynaformer, Kingmambo, Machiavellian, Shamardal et bien d’autres !